
Décidé de se venger de sa mise à l’écart des Concertations nationales, ce chef de parti autoproclamé porte-parole des groupes armés sans troupes connues a poussé le bouchon loin, trop loin. Il a été interpellé pour discours subversif, incitation à la rébellion et à la désobéissance à l’autorité de l’Etat.
Réagissant aux multiples interventions de Willy Mishiki dans les médias étrangers et locaux contre les Concertations nationales et les autorités du pays, les forces de l’ordre ont constaté qu’elles étaient contraires à la Constitution et fondamentalement subversives et ont pris la décision de l’arrêter mardi 26 septembre à Goma. Mishiki a gardé une dent contre la direction des Concertations nationales. Il a juré de lui en faire voir de toutes les couleurs et de se venger de sa mise à l’écart.
Autoproclamé porte-parole des groupes armés de la République Démocratique du Congo sans s’être jamais porté à la tête d’un quelconque mouvement armé, Mishiki, ancien vice-ministre sous le Léopard, s’est vu signifier l’annulation de sa participation aux assises en compagnie d’une vingtaine de personnes se faisant passer pour des représentants Maï-Maï.
De son retour à Goma, il a aligné des sorties tonitruantes dans la presse. Ses cibles : les médias étrangers, notamment RFI et BBC, ainsi que les radios locales du Nord-Kivu. Dans ses propos: des dithyrambes contre les autorités du pays et les institutions légalement établies. Selon une source proche du ministère de l’Intérieur, «cet agitateur sans base réelle ni troupes connues a été mis aux arrêts pour voir tenu délibérément, sur plusieurs radios internationales et locales, un discours subversif d’incitation à la rébellion, à la violence et à la désobéissance»..
Président du parti politique dénommé Union nationale des nationalistes -UNANA-, Willy Mishiki est accusé d’avoir tenu des activités subversives dans une zone déjà réputée sensible, une zone rouge. Visiblement, l’ancien vice-ministre avait juré de faire mal, d’entretenir la chienlit. Ceux qui ont suivi de près sa démarche citent avant tout une déclaration qu’il a publiée le 9 septembre dernier à Goma, cosignée avec un certain Muhima M., non autrement identifié.
Dans lequel il affirmait avoir initié, dans le chef-lieu du Nord-Kivu, une rencontre en rapport avec les Concertations nationales, avec un prétendu accord de ses collègues membres des groupes armés du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, de la Province Orientale, du Katanga et de l’Equateur, notamment les Enyele et le MLA. Parallèlement à cette déclaration, Mishiki est devenu le chouchou des médias périphériques.
Le ton a été donné dans une interview accordée à RFI le 11 septembre. «Nous ne voyons pas comment on peut parler de la paix à l’Est du Congo sans impliquer les acteurs principaux, les groupes armés, qui actuellement, contrôlent 70% de l‘Est de la RDC», a-t-il revendiqué.
Quid du mandat reçu des Bakata Katanga et autres Enyele?
Mishiki a voulu en réalité faire le forcing alors que le vendredi 23 août, le gouvernement a annoncé que «les groupes armés en activités dans les provinces de l‘Est de la République démocratique du Congo, y compris le M23, ne sont pas invités aux Concertations nationales ».
«Nous n ‘allons pas nous asseoir à la même table des Concertations nationales avec des gens qui tuent nos compatriotes dans l’Est du pays.
Seuls ceux qui ont quitté les forces négatives pour réintégrer la vie civile peuvent y être acceptés s‘ils en émettent le souhait», a expliqué le ministre de Médias Lambert Mende Omalanga, porte-parole du gouvernement, à la faveur d’un point de presse.
Tantôt chef de parti, tantôt porte-parole d’un groupe armé, l’imposteur Mishiki a très mal pris cette exclusion. Commence alors une campagne anti-Concertations nationales et anti-patrie.
« Nous pensons sincèrement que la démarche qui a motivé la convocation de ces Concertations n’est pas une démarche pour ramener une paix durable.
La crise actuelle semble profiter aux organisateurs de ces Concertations, mais nous estimons qu‘elles ne vont aboutir à rien…», a-t-il estimé. Et RFI de pimenter : «Prince Mishiki estime d’ailleurs que ce revirement révèle que les concertations sont avant tout politiques et ne visent en rien la réconciliation ou la paix».
Obnubilé par ce traitement partial des faits, Mishiki ne s’est pas arrêté là. Il a poussé le bouchon loin, trop loin. Il a poursuivi son équipée sauvage dans les médias locaux, tenant des propos incendiaires dans une zone sensible comme le Nord-Kivu. Mal lui en a pris. Une fois devant les juges, il sera contraint de justifier le mandat qu’il a prétendu avoir reçu des Bakata Katanga et autres Enyele pour parler et agir à leurs noms alors qu’un inventaire dressé en décembre 2012 n’avait pas repris son parti, UNANA, au nombre des groupes armés.
Mishiki n’est pas à son premier coup. Habitué des interpellations à l’étranger, il a été l’auteur de plusieurs forfaits à Goma et à Walikale, apprend-on. Sa posture l’a souvent poussé à s’affubler des titres comme Roi du Kivu, prince ou, récemment, porte-parole.